Espagne, la force basque


De Saint-Sébastien, proche de la frontière française, jusqu’à Bilbao, la communauté autonome du pays basque s’impose par son littoral, ses paysages contrastés et son identité marquée.

Une terre ancrée à l’océan Atlantique

De la rivière Bidassoa, qui marque la frontière avec le Pays basque français jusqu’à l’embouchure du Nervion qui mène à Bilbao, la côte basque espagnole alterne paysages naturels et pittoresques ports de pêche.

  • La plage de la Concha, à Saint-Sébastien, est prise d’assaut par les baigneurs et les surfeurs. Avec sa forme parfaite, elle attirait déjà la bourgeoisie et la famille royale à la Belle Époque. Aujourd’hui, la côte basque est réputée pour ses spots de surf comme Mundaka, Zarautz ou Sopelana.
  • Aventuriers, baleiniers ou simples pêcheurs, les Basques sont des marins dans l’âme. À Getaria, on peut voir deux statues de l’explorateur Juan Sebastián Elcano, originaire de ce petit port de pêche. Il fut le premier à faire le tour du monde de 1519 à 1522, achevant l’expédition de Magellan, tué durant le voyage.Des 250 marins embarqués, seuls 18 revinrent à bon port. À Pasaia, outre la maison de Victor Hugo, qui y résida en 1843, on admire le chantier de construction du San Juan, réplique d’un baleinier du XVIe siècle.
  • L’ermitage de San Juan de Gaztelugatxe, perché sur un éperon rocheux, balayé par les vents et les flots, défie l’océan. On y accède par un étroit chemin en pierres qui monte jusqu’à une petite chapelle.Elle abrite des ex-voto de marins rescapés. On dit que, pour faire fuir les mauvais esprits ou exaucer un souhait, il faut faire sonner sa cloche treize fois.

 

Des parcs et réserves pour les amoureux de la nature.

Depuis la côte jusqu’à l’intérieur des terres, le Pays basque présente d’infinies possibilités de randonnées, de chemins côtiers en collines verdoyantes en passant par de denses forêts et des pics montagneux.

  • La réserve naturelle d’Urdaibai est classée réserve de biosphère par l’Unesco. On se promène et on navigue à travers marais et bancs de sable pour observer les centaines d’espèces d’oiseaux migrateurs en transit.Il faut aussi faire une halte à l’Urdabibai Bird Center de Gautegiz-Arteaga, un très bon centre d’interprétation.
  • Le Géoparc de la côte basque s’étend sur les villages de Zumaia, Deba et Mutriku. Ils se trouvent sur la route du flysch: des falaises semblables à un millefeuille qui racontent la Terre sur 60 millions d’années. Ces strates rocheuses renseignent les géologues sur les phénomènes globaux comme l’extinction des dinosaures.
  • Dans l’arrière-pays, les parcs naturels abondent. Gorbeia, qui culmine à 1482 mètres d’altitude, est le plus grand de la région avec 20 000 hectares. Il offre un joli terrain de jeux aux randonneurs et aux alpinistes. C’est également le cas du parc naturel d’Aralar, plus à l’est. À cheval sur la Navarre et la province basque de Guipuscoa, il déploie ses forêts de hêtres et ses pâturages toujours verts. Dolmens et ermitages témoignent de la spiritualité humaine.

Une floraison artistique

Architectes, couturier ou peintres, le Pays basque a inspiré de nombreux créateurs.

  • En 2017, Bilbao a fêté les 20 ans du musée Guggenheim, emblème de son renouveau urbain. En plus de l’œuvre tout en courbes de Frank Gehry, d’autres virtuoses architecturaux ont transformé la cité. Santiago Calatrava a imaginé le pont Zubizuri, Norman Foster a dessiné les bouches de métro nommées les « Fosterinos » et Philippe Starck a reconverti l’Alhóndiga, un ancien magasin de vins , en centre culturel. Sans compter les œuvres monumentales, à l’extérieur du Gugdenheim, comme Maman, l’araignée géante de Louise Bourgeois, Puppy, le chien fleuri de Jeff Koons, ou Le Grand Arbre et l’Œil d’Anish Kappor composé de 73 sphères d’acier.
  • Cristóbal Balenciaga, né à Getaria en 1895, est considéré comme l’un des couturiers les plus influents du XXe siècle. Aujourd’hui, sa ville natale lui consacre un musée. On y admire les coupes visionnaires de ses robes et la maîtrise technique qui lui a valu sa réputation.
  • Le bombardement de Guernica eut lieu il y a quatre-vingts ans. La région célèbre ce triste événement qui a inspiré le fameux tableau de Picasso. Si la peinture est au musée Reina Sofia à Madrid, on peut en voir une reproduction en carreaux de faïence dans la ville basque reconstruite.

De la danse au béret

Le peuple basque, qui inclut aussi les Navarrais, est fier de ses origines et de ses traditions – allant jusqu’aux actions terroristes du groupe séparatiste ETA. Aujourd’hui pacifiée, la région reste fidèle à sa langue  et à son folklore.

  • Les panneaux indicateurs sont d’abord écrits en basque avant d’être rédigés en espagnol. L’euskara est largement parlé aujourd’hui.
  • Les célébrations locales s’ouvrent avec l’aurresku, la danse traditionnelle. Coiffés d’un béret rouge, les dantzari exécutent des figures et des portés avec souplesse et puissance. Et les Basques s’y connaissent : ils s’affrontent dans des épreuves de force basque. Reflet des travaux d’autrefois, ce sport regroupe coupe de tronc à la hache ou à la scie, levier de pierre ou de ballot de paille, tirage de corde ou coupeur d’herbe.
  • Boinas Elósegui, fabricant de bérets à Bilbao depuis 1858, a coiffé Anthony Quinn, John Lennon ou Picasso.

Le gout des pintxos

La nature a été généreuse avec le Pays basque, cumulant d’excellents produits du terroir et de savoureuses ressources maritimes.

  • Impossible de passer une journée sans pintxos : les stars de la gastronomie locale équivalent à des tapas assez élaborés. Les comptoirs des bars débordent de ces amuse-bouches piqués sur une tranche de pain et dont les recettes font l’objet de concours. Chaque bar a sa spécialité : kokotxas (joues) de merlu sauce pil-pil, tartelettes de txangurro (araignée de mer) ou txipirones (calamars) à l’encre.On passe de bar en bar pour en déguster un maximum avec un verre de vin blanc local, le txakoli.
  • Les produits d’appellation d’origine qui garnissent les pintxos en font toute la saveur. On rapportera notamment le fromage d’Idiazabal, les guindillas (petits piments verts) d’Ibarra, les poivrons de Guernica ou la fleur de sel d’Añana.