La petite musique des Baléares


À quelques encablures de l’Espagne, Chopin et Guetta, Méditerranée et campagne, histoire et nature rythment des séjours qui conviennent à tous les goûts.

À chaque île son style

Majorque, Minorque, Ibiza ou encore la minuscule Formentera répondent à peu près à toutes les clientèles touristiques : art, voile, vélo, rando, cuisine, histoire, nuits blanches ou farniente.

  • Majorque est un pays à lui seul et, comme son nom l’indique, la plus grande île (3640 km²). De ce fait, elle offre une grande variété de paysages : Palma est déjà une métropole, non loin des montagnes ou de plaines rurales aux splendides propriétés (fincas). Ce petit monde fait autant la part belle à l’architecture qu’à la nature.
  • Malgré son nom de « plus petite », Minorque est plus grande (710 km²) qu’Ibiza (540 km²). « Réserve de la biosphère » sur 40% de sa surface, elle est l’île de la nature avec ses chemins cahoteux taillés pour le cheval. On y visite aussi de fameux ensembles de mégalithes.
  • Quel contraste à Ibiza, entre le boum-boum des boîtes de nuit et les forêts oubliées du nord ! Entre la géométrie des fortifications et celles des architectures d’avant-garde . Tout proche, l’île annexe de Formentera (115km²) est un simple poste militaire devenu destination sauvage et un rien snob.

Des ensembles urbains de caractère

Belles insulaires, les villes des Baléares collectionnent des fleurons architecturaux en tout genre que les amateurs viennent admirer.

  • Palma brille par ses monuments médiévaux : le palais des rois de Minorque, l’Almudaina, avec son immense salle gothique, la cathédrale de Santa Maria et sa forêt de contreforts, dont l’intérieur a été redécoré par les artistes Antoni Gaudí et Miquel Barceló. Enfin, l’étrange cylindre du château de Bellver. L’architecture moderniste, avec entre autres bâtiments la façade de la banque Caixa, est aussi bien représentée.
  • Campée sur son roc, la citadelle de Dalt Vila, serrée par l’étau d’une puissante forteresse du XVIIe siècle, est la ville haute de la cité d’Ibiza. Son joli chemin d’accès serpente jusqu’au port entre maisonnettes et chapelles.
  • Avec ses maisons et villas à petits carreaux léguées par les anglais, le port de Mahón, sur l’île de Minorque, rend encore plus belle la longue rade.

Terres d’accueil et muses pour les artistes

Peintres, architectes et écrivains ont été inspirés par les Baléares et ont laissé des traces de leur passage.

  • George Sand, la romancière et Frédéric Chopin, le musicien, séjournent à la chartreuse de Valldemossa, au nord-ouest de Majorque. Malade et dépressif, Chopin y compose plusieurs de ses préludes. Devenu musée, le monastère, qui a gardé son mobilier, se visite.
  • Le Majorquin Miquel Barceló est un artiste contemporain majeur; mais, non contentes de leurs gloires locales, les Baléares en reçoivent d’autres, accourues de loin pour y installer leur atelier. Les Catalans Antoni Gaudí et Joan Miró ont ainsi leur fondation à Palma ; tandis que celle du banquier Juan March Ordinas accueille des artistes d’envergure le temps d’une exposition.
  • Fuyant le nazisme, des architectes de l’école du Bauhaus ont travaillé à Majorque et Ibiza, tels Walter, Gropius et surtout Erwin Broner, dont la maison se visite.;On lui dote aussi de nombreuses villas privées.

Herbes, fromages et charcuteries

Les îles proposent de nombreuses spécialités très différentes – parfois des légendes internationales.

  • Majorque produit un vin doux qui conquit George Sand. Minorque, un gin -prononcer « rrinn »- subtil, à base de marc, et non de malt, comme le londonien. Il a été introduit par les officiers de Sa Majesté à l’époque où, en raison de ses ravages, il était prohibé en Angleterre. À Ibiza, les hippies macèrent des hierbas, des liqueurs d’herbes aux vertus médicinales.
  • Du côté de la table, Mahón nous a donné ce fromage homonyme, aux laits mêlés de vache et de brebis, et une sauce célèbre, la mahonesa, proche de…l’aïoli catalan. La sobrasada est une savoureuse saucisse au piment, de texture moll, à tartiner.

De curiosités uniques

L’isolement insulaire a été propice au développement d’éléments spécifiques.

  • Les talayots, tours de pierre, les taulas, menhirs en « T », et les navetas, huttes en forme de bateaux, parsèment les prairies de Minorque. Temples ? Charnier ? Sentinelles symboliques ? Ces monuments préhistoriques restent des énigmes. Il en va de même pour les siurell. Était-ce un joujou ? Un talisman ? On ignore le rôle initial de ces statuettes-sifflets en terre chaulée peinte en vert et rouge.
  • Le ball de bot s’invite aux fêtes traditionnelles. Mouvements de valse ou mime des travaux des champs, cette danse traditionnelle s’exécute en portant le sobre costume brodé avec chaînes, croix et médaillon d’or.
  • le baléare est un cousin du catalan, une des langues officielles avec le castillan. Les insulaires reprochent cependant au catalan standard d’appauvrir le vocabulaire et les tournures des dialectes ajorquin, minorquin et eivissenc (d’Ibiza).