Lumières sur l’Islande


C’est en hiver que les rayons rasants d’un soleil bas sur l’horizon donnent aux paysages toute leur ampleur. C’est aussi à cette période que les éléments se déchaînent et les aurores boréales colorent le ciel.

Peu de pays concentrent à ce point les énergies de la terre et de l’eau. Accessibles toute l’année à une heure de voiture de la capitale, les trois sites les plus visités du pays, regroupés sous l’appellation « Cercle d’or », en sont l’illustration parfaite.

  • À 65 kilomètres de Reykjavik, la faille de Thingvellir est un coup de griffe géant sur la plaine couverte de neige. Ici, entre la plaque américaine et la plaque eurasienne, l’Islande s’écarte de 5 millimètres par an, au gré des mouvements tectoniques. Le paysage est zébré selon un axe sud-ouest/nord-est de profondes failles. C’est à Thingvellir, littéralement « les plaines du parlement », que la première assemblée nationale se réunit à partir de 930. Les Vikings arrivent de Norvège au IXe siècle, ils s’organisent et prospèrent rapidement. On se promène aujourd’hui dans la faille qui servait alors aux orateurs.
  • À quelques kilomètres, Geysir, « celui qui jaillit », a donné son nom à tous les geysers du monde? Il faiblit un peu mais, juste à côté, la relève est assurée par Strokkur, « la baratte », son petit frère. Il jaillit toutes les 5 à 10 minutes environ, à 20 ou 30 mètres de hauteur? L’eau bouillante forme une grosse bulle bleue d’une limpidité cristalline? Puis elle s’élève vers le ciel en une myriade de gouttelettes i, sous l’effet de la pression, s’évaporent dans l’air glacé.
  • Les cataractes de la rivière Hvítá se jettent en une double chute en partie gelée, à Gullfoss, qui signifie « la chute d’or ». Après un premier saut de 32 mètres, la rivière blanche rebondit vers un canyon de 2.5 kilomètres, tapissé d’orgues basaltiques noires.

Surprises de fin d’année

La période de Noël s’appelle Jól et les Islandais n’ont pas un, mais treize pères Noël. L’un claque les portes, un autre lèche les casseroles, un troisième éteint les bougies dans la maison…Ils descendent un à un des montagnes bleues près de Reykjavík et se succèdent nuit après nuit dans les foyers. Ils distribuent les cadeaux, ou une patate aux enfants les moins sages, jusqu’au soir du 24 décembre.

  • Thorrablot est une tradition culinaire viking, remise au goût du jour au XIXe siècle. La fête a lieu fin janvier. Chez soi ou au restaurant, entre amis ou en famille, on déguste de la chair de requin faisandée à la forte odeur d’ammoniaque, une demi-tête de mouton bouillie, des testicules de bélier, ou encore du boudin de mouton. Le tout s’arrose de Brennivín, un schnaps local surnommé la « mort noire ».
  • De gigantesques voiles de lumières colorées vertes, rouges ou violettes illuminent le ciel d’hiver. Bienvenue dans le ballet des aurores boréales. Ces vents solaires sont propres aux régions polaires. Les premiers colons vikings au IX e siècle voyaient en ces feux célestes les manifestations de leurs divinités.

Reykjavík, capitale de poche

Reykjavík, qui regroupe 210 000 des 330 000 islandais, est le cœur économique de l’île. La tolérance domine dans cette ville branchée et cosmopolite.

  • Le centre regorge de restaurants, de bars (Kaffibarinn) de musées, de  galeries, dont i8 la plus célèbre, et des magasins et ateliers de designers. À ne pas rater non plus, Harpa, un vaisseau spatial signé Olafur Eliassion qui accueille des concerts.
  • Jusqu’à 40 espèces d’oiseaux fréquentent le lac Tjörnin : un petit paradis ornithologique…juste devant l’hôtel de ville. Lorsqu’il est pris par la glace, les habitants viennent y patiner parmi les oies cendrées nourries par les enfants.
  • Ski ou hot pot (« source chaude ») ? Et pourquoi pas les deux, d’ailleurs ? La station des montagnes bleues, Bláfjöll, n’est qu’a une demi-heure de voiture de centre-ville de Reykjavík. Elle est même équipée d’éclairages pour le ski nocturne. Et pour se réchauffer et se relaxer après un bon bol d’air frais, rien de tel qu’un bain, avec une eau avoisinant les 40°C, dans une des nombreuses piscines géothermales municipales. Les Islandais les fréquentent assidûment.

Une côte sud à grand spectacle

Depuis Reykjavík, la route circulaire n°1 fait le tour des merveilles côtières. Cap au sud-est pour une succession de cascades, falaises et glaciers.

  • Les chutes d’abondent. On passe à pied derrière celle de Seljalandsfoss puis on regarde le soleil se coucher au travers. Attention, le gel rend le sentier glissant. Celle de Skógafoss chute de 62 mètres dans une gerbe d’écume, où s’accroche un arc-en-ciel. À moins qu’elle ne soit prise dans un écrin de glace.
  • Les aiguilles de Vík, pics de basalte dressés dans la mer, défient la violence des tempêtes de l’Atlantique. Les vagues ds’y fracassent sous une lumière crépusculaire. Parfois couverte de neige, la plage de sable noir de Reynisfjara est une des dix plus belles au monde.
  • Jôkilsárlón est un grand lac que le glacier Breidamerkurjökull alimente en icebergs. La glace d’une infinité de bleus et de textures est parfois zébrée de scories, traces d’anciennes éruptions. Les icebergs s’échouent ensuite sur une plage de sable noir ouverte sur l’océan. le site a été choisi pour le tournage de deux James Bond, Dangereusement vôtre (1985) et Demain ne meurt jamais (1997).