La renaissance de la Colombie


Carthagène et la côte caraïbe

C’est la perle de la Colombie et presque une bulle à part. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, Carthagène des Indes (pour la distinguer de la ville espagnole homonyme) est un remarquable exemple d’architecture coloniale.

  • Après une longue léthargie, le cœur historique revit. Fondée en 1533, sur trois îles marécageuses, la ville garde 12 kilomètres de remparts. L’or des Andes pillé par les conquistadors affluait ici avant d’être embarqué pour l’Espagne, tandis qu’arrivaient les esclaves africains. D’où la richesse des grandes demeures parées de calcaire marin et dotées de massives portes cloutées à heurtoir. Les crépis colorés ont retrouvé leur pimpant tandis que les balcons débordent de bougainvillées.
  • La prospérité a gagné le quartier voisin de Getsemani, plus modeste. Truffé de boutiques artisanales, de petits restaurants et de terrasses, il vibre encore le dimanche soir comme si le week-end ne devait jamais s’arrêter. Naguère réservé aux pêcheurs pauvres, le quartier de la Boquilla s’ouvre aussi aux visiteurs qui viennent s’y balader dans la mangrove, pêcher le crabe au casier ou s’initier au tambour avec des locaux toujours disponibles et enjoués.
  • La presqu’île de Baru et les îles du Rosaire, à une heure de bateau de Carthagène, offrent une délicieuse journée de farniente, en particulier pour les plongeurs. Mais, pour les plages paradisiaques, rien ne vaut l’archipel de San Andrès, à 700 kilomètres des côtes colombiennes.

Au cœur des cordillères andines

Lorsqu’elle entre au sud de la Colombie, la cordillère des Andes se divise en trois grandes branches. Elles entaillent l’ouest du pays, nécessitant de nombreux aéroports pour passer de l’une à l’autre. 80% de la population vit dans cette zone très montagneuse, profitant d’un climat clément et de terres fertiles.

  • Le Pic Cristobal Colón, second hommage au navigateur après le nom du pays, culmine au nord à 5775 mètres, suivi par de nombreux hauts sommets. Les 3000 mètres s’atteignent sans problème, -la capitale Bogotá se trouve sur un plateau à 2640 mètres. À cette hauteur, dans la vallée de San Felix (vers Salamina) ou celle de Cocora (vers Salento), s’élancent de curieux palmiers de cire , nommés ainsi pour leur couche protectrice. Symboles menacés du pays, ils cumulent les records tant pour leur taille (jusqu’à 60 mètres) que pour l’altitude où ils poussent.
  • Tous les végétaux s’acclimatent, selon l’altitude et donc la température : fleurs, légumes, céréales et tubercules de toutes sortes, fruits tropicaux… Ils font des marchés une explosion de couleurs et de saveurs. Mais le roi des pentes abruptes, entre 1000 et 2000 mètres, c’est le café. Une vaste région lui est dédiée dont le cœur se trouve vers Manizales, Pereira et Armenia. L’arabica est cueilli à la main, tout au long de l’année, et séché dans des petites fincas ou des haciendas, avant d’être porté dans des coopératives comme à Salamina.

Une  capitale et un pays optimistes

Les touristes français ont été pionniers, arrivant à Bogotá à la fin des années 2000. À juste titre : depuis cinq ans, les agences réceptives se multiplient, et les visiteurs aussi. Un symbole parmi d’autres : auparavant, le meilleur café était exporté et on se contentait d’un jus insipide et ultra-sucré. Désormais, les bars de connaisseurs mettent en avant sa provenance, ses quarante parfums et servent des expressos .

  • L’accord de paix entre le gouvernement et la guérilla des Farc, signé en septembre 2016, suivi de leur désarmement, entérine un tournant majeur après des décennies de luttes internes. L’ex-trafiquant Pablo Escobar n’a plus rien d’un modèle…contrairement à la chanteuse Shakira. Mellin, la deuxième ville du pays, naguère connue pour son cartel de la drogue, se distingue aujourd’hui par ses transports en commun et son innovation économique. Les jeunes cessent d’être vigiles ou infirmières pour se lancer dans l’hôtellerie ou l’artisanat, et fréquentent assidûment les boîtes à salsa.
  • Bogotá et ses 9 millions d’habitants les disparités des mégalopoles d’Amérique latine. Fondée en 1538 sur une ville d’Indiens Chibchas, la capitale fut modelée par des architectes andalous autour de la place Bolivar. En cours de réhabilitation, le quartier central et pentu de la Candelaria se prête à la promenade au milieu des façades acidulées et des panneaux de graffiti imagés. quant à l’exotisme, il éclate aussi bien sur les grands retables dorés coloniaux qu’au marché de Paloquemao.

Quelques merveilles naturelles

Grande comme deux fois la France, mêlant tous les écosystèmes – en particulier, la forêt amazonienne, un tiers de son territoire – , la Colombie a un énorme potentiel en matière d’écotourisme…Il ne reste qu’à le développer.

  • « La plus belle rivière du monde » coulerait dans le parc national de la Serranía de la Macarena, une chaîne montagneuse au centre du pays. Parsemé de cascades, le Caño Cristales (« ruisseau des cristaux ») se colore de jaune, vert, bleu, noir et surtout de rouge, grâce à une plante aquatique qui transparaît dans ses eaux limpides.
  • Pas moins de 420 espèces d’oiseaux ont été recensées dans le seul parc de la Serranía de la Macarena, sans parler des amphibiens, des reptiles ou des primates. L’ours andin, le puma, le colibri ou le condor figurent parmi les stars du pays, tout comme la baleine à bosse qui se reproduit de juillet à octobre sur la côte du Pacifique.
  • Or, nickel ou charbon : le sous-sol du pays n’est pas en reste. Les mines de sel de Zipaquirá, au nord de Bogotá, ont été reconverties en une immense cathédrale. Et, si l’on évite la contrefaçon au marché noir, les émeraudes sont le plus étincelant des souvenirs.