Il y a une vie après la Côte d’Azur! passé la frontière, s’étend un superbe littoral entre les villégiatures de San Remo, les villages escarpés des Cinque Terre, l’estuaire de l’Arno
De la Ligurie à la Toscane
- Une Riviera partagée en trois. Riviera des Palmiers, des Fleurs et du Levant , de Vintimille au coquet port militaire de La Spezia se succèdent 300 kilomètres de baies et de criques. Y alternent les nuances du roc et des pins, de temps à autre, des maisonnettes multicolores et empilées. En équilibre au-dessus des vagues de la mer Ligure, les plus réputées sont les Cinque Terre, cinq villages tournés vers la pêche, sans oublier la cossue Portofino.
- Plages généreuses et falaises. D’abord, il y a les classiques Vintimille et San Remo, juste avant que les Pré-alpes de Ligurie ne cèdent la place qu’à de minces bandes balnéaires comme Fegina aux Cinque Terre, ou la baia del Silenzio à Sestri Levante. Les plus belles plages sont cependant plus au sud, telle cala Violina, dans la Toscane sauvage de la Meremme.
- Le mystérieux estuaire de l’ Arno. Le même fleuve qui lèche le ponte Vecchio de Florence termine sa course en un estuaire où les pêcheurs au carrelets (retone) plongent et treuillent de larges filets de fritures ou de silures : bon endroit aussi pour goûter un coucher de soleil inoubliable.
Deux cuisines inspirées
La cuisine génoise essaime jusqu’à Nice, mas i la Toscane n’est pas en reste
- Pesto et cacciucco .Gênes est capitale du pesto – sauce au basilic- servi avec des trofie, pâtes en tire-bouchon. Pise vante ses cieche alla pisana – civelles sautées à l’ail – , Livourne, la cacciucco , bouillabaisse de langoustines et moules, et les ceci, pois chiches servis aux bettes quand la Ligurie les sert en fainâ (galette). En dessert: torta co’bischeri (tourte aux pignons) pisane et ce cake génois qui inspira celui du Dundee, le pan dose.
- Vins des coteaux ou des abysses. grâce au chianti, les vins toscans sont célèbres. Les Cinque Terre proposent un vin cultivé en terrasse. À Portofino, un caviste a eu l’idée de faire vieillir son mousseux 60 mètres sous les flots.
Gênes, la superbe république
Adossé à la montagne, ce port aux quatre funiculaires et ascenseurs, a dû s’accommoder d’une autostrade, qui barre cruellement son front de mer. Pour se développer, Gênes a tout misé sur la mer. Ainsi est née une « république maritime » où les arcades, églises, tours et palazzi rappellent les différents âges d’or.
- La cité des tours. Les puissantes portes crénelées sont prises de haut par la tour de la famille Embriaci, enrichie par les croisades. La plus connue reste la Lanterna, ce phare du XVIe siècle haut de 76 mètres : le symbole de Gênes.
- Esplanades et palais. Érigé en 1260, le palais Saint-Georges, siège du pouvoir, jouxte la Dogana – à l’origine de notre mot douane -, où est encore placardée la tariffa (tarif des taxations). Les XVIe et XVIIe siècles ont légué à la cité des jardins suspendus, esplanades et palais, avec, au premier chef, le Palais ducal.
- Le plus grand aquarium d’Europe. Avec 70 bassins – certains dus à l’architecte Renzo Piano- et 400 espèces, l’Acquario réunit plusieurs milliers de poissons, oiseaux, lamantins, cétacés. À découvrir… et à toucher.
Les destins croisés de Pise et Livourne
Elle aussi république maritime florissante du Xe et XIVe siècle, Pise s’est ensablée, passant les rênes à Livourne.
- La place des Miracles. Pise est célèbre pour cet ensemble du XIIe siècle unissant baptistère, cloître-cimetière du campo Santo, cathédrale et…campanile. À cause du sol meuble, il penchait de 5,5°. Divers chantiers l’ont redressé de 50 cm environ de 1993 à 2003. Pise offre aussi ses nombreux palais et jardins bordant l’Arno et son port fortifié.
- Livourne, entre esclavage et liberté. L’ensablement du port de Pise pousse Livourne à se développer. Les chevaliers de Saint-Étienne – les templiers toscans- y ancrent leur flotte. c’est de là que l’armada part battre les Ottomans à Lépante, en 1571. La statue fétiche de quatre captifs maures – Quattro Mori – rappelle que Libourne pratiquait la traite. Elle n’en était pas moins une ville ouverte, seule en Europe où les juifs ne vivaient pas en ghetto. Ses canaux, ses forts, son esplanade carrelée, sa citerne secrète et ses villas balnéaires sont des bijoux ignorés.
Des curiosités phares
Tradition, histoire coloniale et… géologie conspirent pour donner à ce littoral son particularisme.
- Carrare, le fournisseur de Rome. Le marbre n’est que du calcaire, mais très fin. On l’extrait à Carrare depuis toujours. César l’importe à Rome, début d’une gloire qui s’interrompt au Moyen Âge – on le brûle alors pour faire de la chaux ! -, reprenant de plus belle à la Renaissance.
- Un carnaval contestataire. Lancé en 1873 pour manifester contre l’impôt, le carnaval de Viareggio voit défiler de hautes figures satiriques, dans le style BD. L’atelier, La Citadella, se visite.
- Le ligurien, langue prolixe. Avec sa base latine imprégnée de celtique, le ligurien est une langue, à l’instar du sicilien et de l’italien – issu, lui, du dialecte de Pise. Il cousine avec nissart niçois, monégasque et « dialecte corse » de l’ex-colonie génoise de Bonifacio.